Championnats du Monde VTT Andorre 2015 : Le nouvel ordre mondial !

Si vous n’étiez pas au courant, ce week-end avait lieu la course la plus importante de l’année dans le monde du VTT : le championnat du monde.

Bien que la coupe du monde permette de classifier les coureurs sur le long terme et de juger de leur régularité dans leurs résultats, les championnats du monde restent une course à part.

Le maillot arc-en-ciel (que le vainqueur de cette course portera sur chacune de ses courses pendant un an) fait rêver chaque compétiteur et permet ainsi à son vainqueur de rentrer dans l’histoire de son sport.

Cette compétition se jouait dans les 3 disciplines phares du VTT à savoir le Cross-Country, la Descente et le Trial, allant des catégories d’âge junior à masters, hommes et femmes.

N’oublions pas que le championnat du monde et la compétition suprême pour les descendeurs et les trialistes, ces deux disciplines n’étant pas (à tort ?) olympiques.

Cet événement annuel avait cette année lieu à Andorre, à la Massana, sur le Bike Park de Vallnord.

Culture Vélo était présent sur place pour vous faire vivre de l’intérieur cet incroyable événement.

UN LIEU ET DES CONDITIONS DE REVE

Lorsque l’on évoque Andorre, la première chose qui nous vient en tête n’est pas forcément le VTT. On aurait plutôt tendance à penser pourcentages de réduction sur certains produits… (en général peu en adéquation avec la pratique d’un sport à haut niveau).

Pourtant, ce serait passer à côté de quelque chose que de ne pas mettre un jour les pieds (ou plutôt les roues) sur le Bike Park de Vallnord (sur les hauteurs du village de La Massana).

Un terrain de jeu inouï, placé à 2000m au-dessus du niveau de la mer en plein cœur du massif Pyrénéen.

De nombreux circuits tracés pour la pratique du VTT l’été mais également de nombreux cols de disponibles pour ceux qui préfèrent le bitume aux sentiers boueux. Un lieu idéal pour les stages de préparation (dû à l’altitude, de nombreux sportifs viennent s’oxygéner dans la région avant une compétition importante)

Mais un lieu de compétition également qui a déjà fait ses preuves en accueillant en 2013 une manche de coupe du monde VTT descente (on se rappelle tous de la victoire du local Rémi Thirion qui avait tout simplement écœuré ses concurrents).

Un dynamisme rendu possible par des personnalités importantes et historiques du monde du VTT installées dans la région (Max Commencal et Cédric Gracia pour ne pas les citer).

Mais au-delà de ce cadre magnifique, ce qui fût la vrai bonne surprise du WE fût la météo.

Alors qu’il avait plu toute la semaine, rendant les conditions très difficiles pour les reconnaissances de DH et les courses junior et espoir de XC, nous n’avons pas vu un seul nuage du week-end pour les courses élites.

Une météo qui aura une très grandes importance pour la DH mais qui aura également rendu pour tout le monde (spectateurs et concurrents) ces championnats du monde encore plus agréables.

CROSS-COUNTRY : UN DUEL POUR L’ANTHOLOGIE

Il y a des duels qui marquent l’histoire d’un sport. Que serait aujourd’hui Lionel Messi sans Cristiano Ronaldo ? Qu’aurait été Jacques Anquetil sans Raymond Poulidor ? Miguel Martinez sans Cadel Evans ?

Les grands champions se nourrissent de la rivalité avec leur plus grand adversaire. Le duo Nino Schurter – Julien Absalon rentre dans cette catégorie-là. Toute la saison déjà, on a pu voir le Français et le Suisse batailler sur les sentiers de la coupe du monde.

Un duel qui avait tourné en faveur du Suisse toute la saison avec 4 victoires et autant ( ! ) de secondes places pour le Vosgien double champion olympique.

Bien que sur une course d’un jour, on puisse s’attendre à tout, la hiérarchie annuelle a été respectée puisque Nino Schurter a récupéré son maillot arc en ciel au guidon de son Scott Spark.

Le suisse a maitrisé la course de bout en bout là ou Julien Absalon a commencé par prendre 40 secondes de retard à cause d’un départ plus que moyen (à ce niveau, c’est inconcevable)

Julien a donc du multiplier les efforts dans les deux premiers tours de circuit pour boucher le trou sur Nino. Une succession d’efforts dans les bosses très pentues (env. 15%) qui auront leur conséquence en fin de course.

Le combat

Après s’être regroupés, nous nous sommes donc retrouvés dans une situation vues maintes fois cette saison, les deux coureurs ensemble, ce qui prouve la domination de ce duo sur leur discipline.

Les attaques ont fusées de part et d’autres, mais les deux coureurs avaient un niveau physique très similaire.

Encore une fois, c’est la technique qui a fait la différence et ce n’est plus un secret pour personne, Nino est clairement au-dessus de Julien dans ce domaine. Julien le sait et fait tout pour ne plus être derrière lui avant la dernière descente sous peine d’être sûr de perdre la course.

Mais c’est un dévers trialisant avec des racines nues apparentes qui aura raison de Julien. Pour expliquer la difficulté du passage, des pilotes considérées comme très techniques comme Marco Aurelio Fontana sont même passés à pied…

Mais Nino était au-dessus, passa à vélo et plus vite que Julien pour prendre un avantage décisif de 5 secondes que le Vosgien ne pourra jamais combler, Julien finissant à 10 secondes de son éternel rival.

Nino allait donc récupérer son beau maillot de champion du monde laissé l’année dernière à Julien Absalon.

A noter que côté vélo, les deux coureurs utilisaient un tout suspendu : le Scott Spark équipé en Sram XO pour le Suisse et le BMC Four Stroke en Shimano XTR DI2 pour Julien.

Ce duel au sommet aurait presque éclipsé le reste de la course mais nous avons également assisté à une superbe bataille pour la troisième place, mais malgré un superbe retour Manuel Fumic et son Cannondale iront mourir à 5 secondes du podium.

On notera également côté français, la superbe performance d’Hugo Dréchou, également sur Scott Spark, qui obtient une magnifique 9ème place (alors qu’il est parti très loin sur la ligne de départ).

Chez les femmes, le suspens fut moins intenable avec une Pauline Ferrand Prévot prouvant une nouvelle fois qu’elle a tout pour devenir (si elle ne l’est pas déjà) l’une des plus grandes championne cycliste Française de tous les temps.

Après un départ laborieux la champenoise est vite revenue sur la tête de course pour ne plus jamais être revue.

Elle a perdu un peu de temps sur la fin de couse mais fini quand même avec une belle marge d’une minute sur sa poursuivante Irina Kalentieva, elle aussi sur Scott.

DESCENTE : BRUNI BRISE LE SORT, ATHERTON PREND L’HABITUDE

La descente est une discipline où les français ont toujours excellés. Nicolas Vouilloz, Fabien Barel, Mickaël Pascal, Anne-Caroline Chausson, Sabrina Jonnier,… tous ont martyrisé leurs concurrents dans cette discipline.

Mais cela faisait 10 ans et Fabien Barel, que le championnat du monde homme n’avait pas été remporté par un Français. La discipline étant dominé par le Commonwealth : l’Afrique du Sud avec Greg Minaar, le Royaume-Uni avec Steve Peat, Danny Hart ou encore Gee Atherton et l’Australie avec Sam Hill.

Et bien Loic Bruni, après son titre en Junior remet la mode au bleu, blanc, rouge ! Après une saison ponctuée de secondes places (4) en coupe du monde, le Français obtient sa première victoire internationale élite sur un championnat du monde.

Le Français a surpassé tous ses adversaires de plus de 2 secondes, bien aidé par la chute d’Aaron Gwin (bien que l’Américain en retard au second intermédiaire).

Au-delà du pur résultat, il faut revenir un peu plus en longueur sur la course et toute la phase avant la course. Toutes les reconnaissances se sont effectuées sous la pluie, sur une piste détrempée, boueuse et incontrôlable (mis à part pour un Rémi Thirion On Fire lors des recos).

Rémi Thirion vs. Vallnord.We know who won this one...

Posted by RedBull.com Bike on vendredi 4 septembre 2015

Mais entre les reconnaissances, les qualifications et le run final, la piste avait complètement évolué, ayant séché !

On a donc pu voir les mécanos s’activer la veille et le matin de la finale pour réadapter le matériel aux nouvelles conditions de la piste. On pense notamment aux mécanos Lapierre qui ont retaillés les pneus des vélos de Loic et Loris.

Loris d’ailleurs ne déméritait pas (avec d’ailleurs le meilleur temps intermédiaire au moment de son passage), mais il lui est arrivé ce qui est arrivé beaucoup trop souvent cette saison : une casse de chaine…

C’est donc en étant tout simplement le meilleur que Loic est parvenu à exploser le temps de Greg Minaar et à gagner ce titre. Il a clairement fait le run parfait, choisi des trajectoires que seul lui a pris et a eu le brin de réussite qui lui a manqué toute l’année.

Bravo Loic, Bravo Lapierre et son modèle DH, customisé pour l’occasion.

Côté féminines, moins de suspens mais une hiérarchie respectée et imposée par Rachel Atherton et son GT Fury. La « soeurette de la famille » s’impose une nouvelle fois et sans laisser la place à quiconque de lui contester.

DU COTES DES AUTRES DISCIPLINES ET CATEGORIES

Mais un championnat du monde, c’est également d’autres épreuves, comme le trial.

On saluera les deux titres français, tout d’abord par équipe et ensuite avec le grand retour de Vincent Hermance au sommet de la hiérarchie mondiale.

On pense également au relai en cross-country, remporté par l’équipe de France qui avait inauguré ces mondiaux de la meilleure des manières.

Enfin, on saluera l’exploit de Simon Andreassen, le junior en passe de devenir le « Pauline Ferrand Prevot » masculin, qui après un titre en Junior 1, un titre de champion du monde de cyclo-cross cet hiver, a remporté son deuxième titre de champion du monde junior… Ce qu’il fait à son âge, personne ne l’a fait, ni Absalon, ni Schurter, ni Martinez,… A suivre, tout d’abord aux championnats du monde de Richmond sur route dans une semaine et demi.

A suivre également du côté des espoirs, on reste également un peu sur notre faim avec l’argent pour Victor Koretsky mais surtout la contre-performance de Titouan Carod (Scott-Creuse Oxygène), vainqueur de la coupe du monde, qui avait des jambes de feu, mais s’est retrouvé avec des maux de ventre… ET il ne faudra pas oublier de grader à l’œil Raphaël Gay du même team Scott-Creuse Oxygène qui finit à sa place (15ème) comme tout au long de la saison.

On suivra donc tout ça l’année prochaine, aux mondiaux qui seront organisés en République Tchèque mais aussi aux J.O de Rio pour le Cross-Country !

Crédits Photo : UCI, Red Bull, Scott, Lapierre, GT

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