Les Tests Culture Vélo

Cannondale Trigger carbon 27.5 team

Culture Vélo teste pour vous. Cette semaine c’est au tour du Cannondale Trigger carbon 27.5 team. Nouveauté pour ce test, c’est l’un des pilotes du Team Culture Vélo Blagnac qui vous fait partager son ressenti sur la nouvelle bombe Cannondale.

"Je m’appelle Rémy DURAND, j’ai 35 ans, je roule depuis 12 ans principalement en enduro & DH marathon même s’il m’arrive fréquemment de me laisser embarquer sur des XC, cyclo sportives route et autres sorties BMX, dirt, street, bikepark etc… Soutenu par Culture vélo Blagnac depuis 3 ans, entraîné par Laurent Solliet d’Extrain.fr depuis 2 ans, je fais jusqu’à 20 courses chaque saison. Je roule actuellement sur des spicy team carbone 27.5, entretenus par Elian, le chef d’atelier, préparés au niveau des suspensions par Max de Novyparts. Le fait d’armes dont je suis le plus fier est le doublé 2013 & 2014 sur le trophée enduro des Pyrénées.

Il y a des mauvais jours où on reçoit des amendes pour excès de vitesse ou encore ses impôts et il y a des jours où on reçoit des mails qui font plaisir !

Le jour où Grégory Gesret de Culture Vélo m’a écrit pour me proposer d’essayer un Cannondale Trigger carbon 27.5 team en fait partie !

C’est tout sourire que je réceptionne ce superbe jouet à l’Isle-Jourdain.

1. DESCRIPTIF EXPRESS DU BIKE

Dans sa belle robe noire et vert mat, il a vraiment de la gueule ce vélo et il donne envie d’aller rouler :

A la vue du tarif 6799€ comme du montage, on est clairement dans du très haut de gamme. Le cadre est en carbone haut module avec 68 degré d’angle de fourche. La fourche est la tout nouvelle lefty supermax carbon en 140 mm de débattement. L’amortisseur est un Fox Dyad RT2 140/85mm spécifique au vélo. Les roues, du plus bel effet, sont des Mavic SLR 27.5. La transmission est un panachage de XX1 et XO1 en 10-42 derrière et un plateau de 30 dents. Le joli pédalier Cannondale hollogram SI amène une pointe d’originalité. La majorité des composants sont maisons Cannondale avec :
 le cintre C1 riser carbon en 740*15 mm qui tombe parfaitement sous la main
 la potence C1 en 60mm
 les grips dual locking, légers, jolis mais qui ont une légère tendance à tourner un peu côté opposé du collier lock-on.
 La tige de selle est une rockshox reverb stealth, la référence du moment, avec commande au guidon et gaine intégrée dans le cadre.
 Le tout donne un poste de pilotage relativement chargé avec pas mal de commandes et de câbleries.
 La selle est une WTB aux couleurs assorties au vélo. Plus lourde que mes Italia SLR habituelles, elle est aussi plus confortable et fait bien le job !

2. PRÉPARATION ET RÉGLAGE

Montage d’une paire de pédales shimano XTR sans cages et direction la première pesée : 11.58 kgs tout d’origine….waaah c’est incroyablement léger !!!

Après quelques investigations, une partie de la légèreté s’explique par les pneus Nobby nic & racing ralf en section 2.25 qui tournent autour des 600/700g et sont très orientés randonnée roulante. Trop lights pour moi et pour les caillasses qui jonchent la zone du test, je décide immédiatement d’un montage de Schwalbe super gravity, un magic mary en gomme vertstart à l’avant et un hansdampf en gomme trailstar à l’arrière. Le vélo passe à 12.5 kilos, c’est toujours léger et maintenant on est serein sur le grip et les crevaisons !

Un réglage des pressions des 2 chambres de l’amortisseur DYAD.

Le rebond et l’air étant ajustables indépendamment pour chaque mode/chambre, le réglage est donc un peu plus long mais reste assez clair, tout est écrit sur l’amortisseur. Du coup on n’hésite pas à prendre un SAG conséquent autour de 40% en mode flow vu qu’il existe l’autre mode pour pédaler !

Un réglage rapide de la pression et du rebond de la Lefty qu’il faut bien penser à déverrouiller de sa position XC sous peine de se faire copieusement secouer. Et place aux premiers tours de roues !

3. PROTOCOLE DU TEST

Le lieu du test est le spot de Bruniquel (82800), un des plus beaux villages du Tarn et Garonne en région Midi-Pyrénées.

Très connu des touristes, chasseurs & autres randonneurs, c’est également un lieu extrêmement réputé pour le VTTiste Toulousain avec la rando des « 2000d+ de Bruniquel » qui attire 700 participants chaque année et également la course enduro « Quercy down » au mois d’Octobre.

C’est le spot « endurisant » le plus proche de chez moi, sur lequel j’ai des chronos de référence, ce qui devrait permettre d’avoir les idées claires sur les performances du vélo.

Les descentes sont courtes et explosives entre 2 et 5 minutes, et j’en ai une dizaine en stock histoire de varier les plaisirs. Le départ se fait généralement sur du plat ou du faux plat montant/descendant, permettant de mettre en évidence les capacités de pédalage & relance du vélo. Puis ça bascule sur une 2ème partie plus pentue & engagée avec beaucoup de cailloux, fixes ou mobiles permettant de faire vivre les suspensions et voir le comportement en descente. BREF un beau terrain de jeu, idéal pour tester un vélo polyvalent comme le trigger et le comparer à mon Spicy team 27.5 habituel. Et histoire de faire les choses bien, je vais y rouler 3 jours dans la semaine, pour voir ce que le jouet a vraiment dans le ventre.

D’entrée, une remarque sur les freins Magura MT6, qui ne feront malheureusement pas partie de l’essai. Depuis la réception du vélo, j’avais une inquiétude car je trouvais leur garde courte et changeante. Après une première liaison bitumée avalée comme une formalité, je fais 20 mètres de descente et là c’est le drame : plus de garde au frein arrière et copieuse fuite d’huile au levier ! Je finis la première descente avec le seul frein avant qui lui aussi finit par chauffer et se sentir mal. Retour à la maison, montage de mes freins XTR perso, on repart et on recommence !

4. EN PISTE

Un peu perdu au début comme avec tout nouveau vélo, je prends assez rapidement mes marques.

A peine assis, je ne résiste pas à la tentation de jouer avec cette manette supplémentaire qui perturbe mes habitudes ! En effet le coeur du Trigger c’est ce fameux amortisseur Fox Dyad à double chambre qui permet de faire varier le débattement de 140mm (flow) à 85mm (elevate) via une manette placée côté droit au-dessus du guidon. En liaison, j’actionne le mode elevate en poussant sur la manette, la chambre flow se retrouve complètement fermée. J’obtiens une bonne position pour pédaler, un amortisseur bien ferme et un débattement réduit. Tout ceci est idéal pour envoyer des watts et immédiatement j’ai la sensation d’avoir un vrai XC sous les fesses. Quand la pente s’inverse en spéciale, il suffit de mettre une légère pression sur le petit bouton au bout de la manette et le mode flow, tout ouvert, apparaît ! Le boîtier de pédalier s’abaisse de 1 cm, les angles s’ouvrent d’un degré. Les 2 chambres sont connectées et créent un gros volume d’air, la sensation est celle d’avoir un amortisseur avec un fonctionnement proche d’un amortisseur de DH à ressort. L’utilisation est vraiment très simple et la manette ergonomique. Évidemment il est tout à fait possible de jouer de la manette pendant les descentes mais je n’en ai jamais ressenti le besoin et fait toutes les spéciales en mode ouvert. Cet amortisseur à 2 positions c’est tout simplement génial pour un enduriste : liaison = elevate XC, spéciale = flow DH.

Sur les pédalages, malgré les pneus un peu lestés, on sent toute la rigidité et légèreté de l’objet, ça envoie fort.

La transmission XX1 associée au pédalier hollogram est irréprochable, silencieuse, efficace, légère. En Liaison lisse, par exemple une liaison bitumée de 35 minutes, le débattement réduit et l’amortisseur vraiment plus dur, font des merveilles, avec le confort juste nécessaire, c’est parfait. En liaison plus cabossée voir trialisante, les roues de 27.5 ne butent pas trop dans les trous, le Trigger avale tout et le vélo motrice bien. Le plateau de 30 dents et la K7 10-42 permettent de grimper aux arbres, et même les portions les plus défoncées sont avalées avec sérénité. Cette transmission devrait convenir à 90% des utilisateurs. Attention quand même au revers de la médaille : en 30*10 on mouline rapidement dans la choucroute sur les faux plats descendants et zone ultra-rapides donc attention au choix de plateau en cas de compétition. Cette sensation de rendement très satisfaisant est certainement exacerbée par des roues Mavic SLR qui sont légères. C’est assez subjectif, mais je les trouve également très réussies esthétiquement. Elles sont peut-être limite sur un programme enduro, mais il y a toujours la possibilité du fameux contrat d’assurance MP3 Mavic.

Dans le sinueux, le vélo se place sans problème, et change d’angle très facilement. Je le trouve très dynamique voire virevoltant et encore une fois particulièrement rigide. Même si je le ressens comme un vélo plus sérieux que joueur, on peut quand même se laisser aller à quelques excentricités sans que le vélo ne rechigne. Manual, bunny, whip tout est envisageable avec ce trigger qui se laisse secouer avec malice.

Dans les devers ou sur des virages à plat il garde bien le cap et reste très sécurisant.

Le 27.5 apporte certainement un peu de grip supplémentaire en courbe, et quelques facilités en franchissement bien agréables.

Dans le rapide, aucune sensation d’instabilité, tout s’enchaîne avec une grande sérénité.

Le pentu ou l’engagé ne posent pas de problèmes particuliers. Une toute petite sensation d’être plus sur l’avant que d’habitude sur les premières descentes, mais c’est très léger et passe rapidement. Je n’ai pas du tout l’impression de frôler l’OTB mais bel et bien que le vélo veut engager dans cette pente.

Dans le défoncé, le vélo absorbe étonnamment bien ! Il n’y a que 140mm là monsieur ? Vous êtes sûr ? En mode flow ouvert et avec un SAG de 40%, le vélo est confortable et gomme une bonne partie des aspérités nombreuses qui jonchent le sol. Il ne reste plus qu’à jouer et pomper avec les plus gros obstacles.

Au niveau de la fourche, j’ai l’habitude de rouler une pike RCT3 en 160mm préparée par Max de Novyparts, autant dire que la référence est élevée. Pourtant la Lefty carbone SuperMax 140mm soutient assez bien la comparaison et tire son épingle du jeu. Je ne ressens pas de friction/frottement particuliers, elle ne s’enfonce pas outrageusement non plus dans la pente ou sur les chocs répétés. Je n’ai pas mal au bras même sur les gros pierriers et les spéciales les plus longues. A tout cela on peut rajouter :

PLUS :
 Un côté hyper pratique pour monter et démonter le pneu avant sans démonter la roue
 Un look hors du commun (l’impression d’avoir une moitié de fox 40 !) avec son mono bras inversé mais pourtant aucune gêne visuelle au roulage
 Une importante rigidité avec son diamètre de 46 mm en haut et 36 mm en bas et aucune sensation de flou ou de torsion
 La protection en plastique contre les projections sur le plongeur fait le job.

MOINS :
 Roue avant spécifique lefty
 Impossibilité de monter les gardes boues classique type RRP ou raz de roue, donc garde boue de cadre obligatoire en terrain gras

Sur les saut/marches, le feeling est le même, aucune sensation de talonnage ou d’être en limite d’utilisation, au contraire le bike est facile et en redemande.

CONCLUSION

Ce nouveau Trigger 27.5 me semble être le vélo polyvalent par excellence et Cannondale ne s’y trompe pas en parlant de « do-it-all ». Avec les pneus d’origine et ses 11.58 kgs vérifiés, il se rapproche franchement des performances d’un XC capable d’affronter sereinement n’importe quelle randonnée même longue distance. Je le vois par exemple très performant pour une transvésubienne, une transbiking ou encore un shimano Epic Enduro. Avec des vrais pneus renforcés, ce vélo peut partir sur n’importe quel enduro ou descente marathon sans avoir à rougir. Je me verrais tout à fait partir sur ce bike sur un start de Mégavalanche, Maxiavalanche ou Mountain of Hell.

Après seulement une journée de prise en main et de petits réglages, je me suis complètement habitué au vélo et je m’en sers avec grand plaisir en ayant complètement oublié que ce n’est pas le mien ! A l’issue des 3 jours de test, le verdict chrono/strava est là : sur des spéciales archi connues dont certaines sont copieusement défoncées, je vais aussi vite avec le trigger qu’avec mon spicy. En dehors des chiffres, à aucun moment je ne me suis senti en difficulté par rapport à mon vélo.

MOINS

 Pneus : les pneus sont à réserver à des parcours roulants et sont à remplacer si votre pratique s’oriente vers l’enduro
 Freins : à première vue, fiabilité moyenne ! A retester. Attention aussi au disque arrière en 160mm en cas de longue descente.
 Grips : parfois une légère sensation de rotation en bout de grip
 D’autres défauts ? Franchement….il va falloir être tatillon et chercher loin !!
 Avec un usage enduro intensif en limite haute de programme, on peut imaginer des soucis de fiabilité sur le long terme pour les roues ou les suspensions.

PLUS

Tout le reste ! Et la liste est tellement longue que j’ai dû faire des choix !

 Suspensions vraiment efficaces en FLOW comme en ELEVATE
 Géométrie et amortissement variables avec commande au guidon
 Comportement au pédalage et en descente
 Gueule d’enfer
 Équipement haut de gamme
 Garantie à vie du cadre

Un grand merci :
 À Cannondale qui m’a permit de rouler sur cette belle machine
 Au staff de Culture Vélo Toulouse Blagnac pour son soutien permanent
 À Jérome Didot et Boris Couderc pour les photos."

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