Filles à vélo, filles et vélo. Esprit d’ouverture, es tu toujours là ? Par Camille Bondu

Fille Spoken du projet des Jeunes Reporters du Tour de France, Camille possède en elle la passion du sport et du journalisme, y apportant sans cesse sa touche féminine. Athlète émérite, elle décortique pour nous, l’héritage du concept Fille Spoken lancé en 2005. Sans manier la langue de bois, elle prône un vélo sincère et moderne pour les nouvelles générations. Tout n’est pas rose ...

Le vélo est pluriel. Ces dernières années, il se décline sous différentes formes. La France s’ouvre au vélo et le vélo s’ouvre à la France.

Qu’il se nomme Vélib’, Vélo’v ou encore Vélodi, le V.L.S. (Vélo en libre-service), moderne et design est devenu une véritable mode chez les citadins comme les citadines. Moyen de transport pratique et écologique, il permet de retrouver des plaisirs et des sensations simples trop souvent oubliés dans une société contre-la-montre.

Entre amis ou en famille, en ballade ou en loisir sportif, le vélo est considéré par toutes et tous comme un sport mixte au même titre que l’athlétisme, le tennis ou la natation.

Au-delà, les sportifs du dimanche assidus demeurent en très grande majorité des hommes. Les femmes pratiquant le cyclisme de manière régulière constituent encore des exceptions « culturElle ».

Alors depuis que Culture Vélo à lancer, en 2005, un pavé dans la marre du machisme et de la condescendance, le monde héroïque du cyclisme s’est il montré plus ouvert et plus respectueux à l’égard nouvelles pratiquantes.

Lorsqu’on franchit l’ultime palier, celui de la compétition, ce serait mentir, je pense, de dire que les faits ont succédé aux intentions. Les jeunes ressentent le besoin d’avoir des idoles, des champions et des championnes à qui ils peuvent s’identifier et auxquels ils aimeraient ressembler. Or, bien que n’ayant rien contre la doyenne du cyclisme français, difficile d’imaginer qu’une jeune fille veuille ressembler à Jeannie Longo. Elle est certes un modèle de courage et de ténacité pour des générations mais un modèle vieillissant. Jeannie a fait son temps, nous avons besoin de sang neuf.

Les joies, les déboires et l’entêtement d’une jeune championne comme Laure Manaudou passionnent davantage les foules. Avant les jeux d’Athènes, la natation était encore un sport méconnu du grand public et sans véritable star en France. Il a suffit d’une recette simple, une fois les ingrédients réunis, pour sortir ce sport de l’ombre ; prenez une jeune athlète française, ajoutez lui des succès et quelques breloques, laissez la mijoter dans un caractère bien trempé, versez quelques larmes, enfin, saupoudrez de glamour. Pour un produit plus spectaculaire combinez la recette à un entraîneur atypique. Résultat : un cocktail explosif, des étoiles pleins les yeux de supporters jeunes et moins jeunes et surtout des centaines de nouveaux pratiquants dans les clubs. C’est peut-être ce genre de cocktail qui manque au cyclisme féminin…

Pas de médiatisation, pas de paillettes, pas d’idoles…

Alors que nous apprenons coup sur coup la séparation d’Armstrong avec la chanteuse américaine Sheryl Crow, la découverte d’un nouveau produit dopant dans les urines d’Untel et la victoire finale d’Untel dans le Giro, on nous répète pour la vingt cinquième fois que Jeannie Longo vient de remporter le Championnat de France. Alors vous m’excuserez mais compte tenu de la longévité du règne de Jeannie Longo il est difficile d’affirmer que les choses on changé depuis 2005 dans le milieu de la compétition. D’autant plus que depuis ma naissance, il y a un peu plus de seize ans, elle est la seule femme dont j’entends parler dans le cercle du cyclisme féminin. Ce cyclisme semble figé dans le temps, il lui manque un moteur dernière génération.

Un monde sépare le cyclisme féminin de celui de nos homologues masculins. Le Tour de France, vitrine du cyclisme, second événement sportif le plus regardé au monde, surmédiatisé par les victoires d’un énigmatique texan met, chaque juillet, l’Homme à l’honneur. De belles jeunes femmes sont utilisées quelques secondes à la fin de chaque étape pour le mettre davantage en valeur. Pour moi, faire la ‘‘potiche’’, se contenter de sourire et faire la bise à des hommes transpirants et encore trop souvent dopés ne donne pas une image valorisante de la femmes. De la même façon, mettre un mannequin, qui n’a a priori pas grand-chose à voir avec le vélo, en couverture d’un magazine spécialisé va indéniablement attirer l’homme qui y jeter un regard plus attentif. Par contre, cela ne va pas forcément encourager la femme à se mettre au vélo. Finalement, faire de la femme une image marketing fait bien souvent rêver davantage les hommes que les femmes.

Ces dernières années, le vélo ‘‘traditionnel’’ a fait de la place à de nouvelles formes comme le B.M.X., le V.T.T. trial, le V.T.T. descente ; un régal pour les ados à la recherche de sensations toujours plus fortes. Cependant, contrairement aux pays anglo-saxons ou même aux pays nordiques, ces nouvelles pratiques sont encore peu répandues en France, notamment chez la gente féminine.

Nous avons découvert cet été à Pékin le BMX, discipline jusque là confidentielle dans l’hexagone, grâce à notre toute nouvelle championne olympique, Anne-Caroline Chausson et sa dauphine, Laëtitia Lecorquillé. L’avenir nous dira si cela favorisera l’émergence de nouvelles vocations.

Alors oui, l’esprit d’ouverture est toujours là, oui les mentalités évoluent dans le bon sens. Mais dans les faits, malgré l’essor du vélo en libre-service pour tous, on attend toujours les nouveaux pratiquants dans les clubs.

Depuis quelques années, les hommes ont enfin compris que l’idée d’un cadre peint en rose et d’une sonnette en forme de fleur ne séduit plus les filles au-delà de huit ans. Peut-être est-ce là un progrès…

Reste à trouver les audacieuses qui sauront se hisser avec classe et détermination dans ce monde essentiellement masculin ou paradoxalement, la petite Reine a droit a bien des égards...

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