GT Sensor Carbon Expert 2015

Présentation

Bonjour lectrices et lecteurs de notre page d’essai Culture vélo, Aujourd’hui c’est moi, François Darnis qui vais vous faire partager mon ressenti suite à l’essai du Gt Sensor Carbon Expert 2015 en taille M. Afin de vous faire une idée de mon feeling par rapport au matériel et ma vision du « ride », voici un descriptif rapide de ma personne. J’ai 31 ans, je suis technicien d’études mécaniques et passionné de VTT depuis petit. Je fais 1.75 pour 75 Kg. Je pratique principalement l’Enduro en compétition et tous les weekends avec les potes. Mon passé de DH, de BMX et crosscountry me permet d’avoir une large vision du vélo tout terrain. Je roule actuellement sur un Ibis Mojo HD 160 avec lequel j’effectue tous les types de parcours, randonnée, raid et enduro. Suite à la proposition de Culture Vélo pour l’essai de ce vélo, c’est avec un grand plaisir que je me suis vu confier ce vélo pendant 2 semaines.

Descriptif du Sensor Carbon Expert

Dès le premier coup d’œil, on remarque une énorme évolution par rapport à son prédécesseur. Le précédent modèle manquait un peu d’esthétisme à mon goût, par contre celui-ci est racé, le cadre est bien dimensionné, il fait plaisir à voir et donne envie de monter dessus pour confirmer cette bonne impression visuelle !

En comparant le niveau d’équipement par rapport à son prix 3500€, cela peut paraître un peu faible. En effet il n’y a pas d’équipement qui tape à l’œil mais il ne faut pas oublier le cadre ; pièce essentielle de la composition et du rendement du vélo.

Ce nouveau cadre GT est revu entièrement et adopte le nouveau système AOS, encore une fois GT surprend par son ingéniosité. AOS signifie Angle Optimized Suspension, pour moi cela signifie une diminution de l’angle entre la trajectoire des chocs et de la réaction de la suspension ; ainsi on augmente la sensibilité. La pièce maîtresse est le PathLink, c’est un gros basculeur sur lequel le boitier de pédalier est fixé ainsi que les bases et l’amortisseur. Le basculeur est articulé à son centre au triangle avant. Ce système a un autre gros avantage ; c’est de rendre indépendant les tensions de chaîne de la transmission et la suspension ce qui améliore les performances de ces deux organes.

Le point de pivot principal se situant très haut, l’axe de roue a une trajectoire partant vers l’arrière en début de course, c’est astucieux car ainsi le choc entre la roue et l’obstacle est diminué. L’ensemble des pivots du cadre sont constitués d’axe traversant ce qui augmente la rigidité du cadre au niveau des liaisons de pièces et pour couronner le tout, il est entièrement en carbone. La géométrie est assez polyvalente car c’est un mix entre all mountain et Enduro. Il a un empattement assez long (1162), un angle de tige de selle relevé (73.8°) ce qui favorise le pédalage et un angle de fourche assez couché (67.2°) pour cette catégorie de vélo. L’amortisseur Fox Float CTD avec 3 positions complète correctement le châssis. », donc RAS, le cadre est ultra rigide, la géométrie semble parfaite pour le programme. Je suis curieux de tester la suspension AOS Angle Optimized Suspension qui « enroule les obstacles ».

Pour les équipements, le cadre seul coûte environ 2900€ pour 3500€ vélo complet sur ce Sensor Expert donc le niveau d’équipement reste du « milieu de gamme ». Malgré cela le montage est très homogène et fiable. Le vélo affiche 13.3 kg malgré des roues un peu lourdes, c’est pas mal pour le programme du vélo et son prix ! La peinture est magnifique avec ces couleurs mates « tendance » et la finition des pièces usinées est très soignée, notamment le Path Link. La fourche, elle est en dessous du niveau de gamme du reste. C’est d’ailleurs le point négatif du montage en termes de choix de composant. Quoi qu’il en soit la Sektor demeure une fourche qui déclenche bien sur les petits chocs. Le ressenti dépendra de l’engagement du pilote !

Côté transmission, on retrouve un combo manette SLX et dérailleur XT Shadow Plus, aucun soucis remarqué lors du test. Le pédalier Race Face Evolve en triple donne une sympathique touche haut de gamme, il est accompagné d’une cassette 11-36T, équipé comme ça je dois pouvoir monter aux arbres. Personnellement, un montage double 24-39 aurait été plus adapté techniquement et esthétique.

Le poste complet de pilotage Kore est un peu triste, cela manque un peu d’esthétisme par rapport au reste. Par contre la potence en 80mm sera parfaitement adapté pour le programme all-mountain mais un peu longue pour ce qui aime attaquer en descente. Le cintre en 740mm est idéal pour conserver une position confortable et assez large pour piloter.

Les roues sont des WTB STI23, un peu lourde mais elles restent un très bon compromis entre fiabilité et rendement ; le poids se situe sur le moyeu et non sur le cercle. De plus les cercles semblent de très bonne qualité. Les pneus Continental Mountain King, ils sont « jolis » mais leur gomme semble un peu dure et la carcasse légère, ils me font vraiment penser à des pneus cross-country malgré leur section en 2.4 à l’avant et 2.2 à l’arrière. Le montage des roues est réalisé en « chambre », je vais tester comme ça, un peu perplexe !

Run 1 : Cazals, St Antonin Noble val, Cazals

Dès le lendemain de la réception du vélo et après les fameux réglages de SAG (30%), position de levier, hauteur de selle, pression de pneu, etc… direction mon spot favori et bien connu afin d’avoir un base de comparaison fiable. Malgré la pluie incessante, la motivation du test me pousse jusqu’à Cazals. Malheureusement vu la météo, le photographe n’a pas osé sortir le matériel !

Le parcours sélectionné est assez engagé, et correspond plutôt à un parcours Enduro. Première impression au bout de 500m, le vélo avance tout seul ! Et oui presque, sur le plat les pneus roulent tellement bien qu’on n’a aucun effort à fournir. Cette impression s’arrête dès la première montée mais le vélo monte bien sur cette première montée roulante mais pentu de Brousses (15 à 20%). Je peux conserver sans soucis le 32T jusqu’au sommet.

Le revêtement de selle glisse un peu donc sa position est primordiale en montée pour effectuer de longues montées sans se fatiguer excessivement. Dès la première descente, j’ai la sensation que les pneus n’adhèrent vraiment pas bien sur le sol mêlant boue et dalle calcaire. La fin de la descente, moins engagé, se négocie avec assurance dans les longues courbes terreuses mais rapides. Ensuite j’ai enchainé sur deux montées et deux descentes très techniques et rapides, je commence déjà à prendre le vélo en main. Les deux montées GR46 de Vielfour et du Cirque de Bône sont passés sans mettre un pied à terre, ce qui est un exploit vu la technicité du chemin et la météo du jour. Le vélo se place presque tout seul, on retrouve une très bonne sensation d’équilibre avant arrière, par conséquent les trajectoires sont sûres et la motricité est très bonne. Dans ces deux descentes, je remarque que le vélo est assez rigide en latéral, que la suspension arrière fonctionne super bien et me permet d’attaquer ! La cinématique AOS gomme vraiment bien les obstacles et je ressens des sensations de vélo en 150 plutôt que 130. Malheureusement la fourche montre vite ses faiblesses, les descentes rapides et chaotiques ne lui conviennent pas du tout.

Direction la crête du Capucin, pour tester la conservation de vitesse sur une section plate mais jonchée de bloc de cailloux. Tout se fait en pompant sur le vélo, enchaînant bunny et relance tout se passe super bien le vélo est très dynamique et conserve la vitesse. Pour finir j’emprunte la fameuse descente du Lavoir de Cazals ou le vélo se trouve vraiment à son aise. Cette descente est très rapide mais moins accidentés ainsi la fourche moins sollicitée, le vélo me permet de rouler très vite sans mauvaise sensation. Bilan de ma première journée après 26km et 850m de dénivelé, une bonne prise en main par contre le vélo est un peu juste avec ces pneumatiques et fourche pour ce type de parcours Enduro. Les 3 positions de l’amortisseur sont vraiment bien ajustées et permettent de tirer profit de la suspension arrière en montée ou en descente. On peut même se permettre d’assouplir l’amortisseur à mon avis, ce n’est pas dérangeant car en montée la cinématique maintient très bien le vélo.

Run 2 : Roc Trespouziens en Off

Changement de décors, nous voilà dans le Lot sur la commune de Trespoux-Rassiels, au milieu des vignes du Cahors. Le parcours prévu est quasiment celui du Roc Trespouziens. Nous prévoyons donc une sortie de 35 km et 1100 m de dénivelé environ. Le parcours est typé all mountain avec un sol mi terre mi cailloux, légèrement humide. Gros avantage, le soleil est revenu.

Cette randonnée est un enchaînement incessant de virages, de montées et descentes. On est toujours en prise de puissance, déhanché pour donner du grip ou franchissant des obstacles. A ce petit jeu, le vélo va vraiment me bluffer. Ces aptitudes dynamiques fournissent un surplus de motricité et de vélocité. Résultats, on ne se fatigue pas, le vélo donne toujours envie dans mettre un peu plus et il rend 100% de l’impulsion donné par les pédales, par pompage ou par enroulage. Les techniques de BMX permettent d’avancer sans pédaler avec ce vélo

Sur la fin de sortie, la descente des Pylônes me donna d’autres sensations. Je l’ai abordé un peu inquiet alors qu’on venait de me l’annoncer comme une descente très rapide, caillouteuse et contenant des sauts. Et encore une fois en enchainant saut et virage relevé négocié à 40km/h, le Sensor a su contenir ma fougue et sortir très vites des virages. Sur les sauts également le vélo a une bonne stabilité aérienne et la suspension arrière réagit sereinement sur les réceptions. Sur la fin de la descente, c’est une succession de gap de 1.5m avec des prises d’élan délicates et pourtant avec une petite impulsion arrière le vélo a toujours pris la bonne inclinaison sans avoir de gros effort à fournir. L’isolation de la tension de chaîne fonctionne à merveille malgré la longueur de celle-ci. Le boitier de pédalier très bas participe également à cette sensation de stabilité même à haute vitesse.

Run 3 : Autour du Mont St Cyr et Bégoux

Une semaine après le premier week-end de test, je repars dans le Lot pour un parcours au départ de Cahors. Nous allons graviter autour du Mont St Cyr pour un parcours de 35 Km et 900m de dénivelé. Ce parcours alterne des montées et descentes de 150m de dénivelé donc le rythme est soutenu. Le sol est principalement de la gravette mêlée à un peu de terre. A mon avis c’est le type de parcours de prédilection du vélo équipé ainsi.

Pas de surprise, encore du plaisir, je vous laisse regarder les quelques photos pour vous en faire une idée.

Conclusion

C’est une très bonne base de montage pouvant convenir à la grande majorité des pratiquants de All mountain. Avec quelques améliorations comme une fourche (Révélation ou 34), comme des pneus plus accrocheurs ou comme un montage double plateau ; pourrait en faire un vélo d’enduro light avec pas grand-chose à envier aux autres modèles de Sensor. Par rapport à la concurrence, c’est probablement l’un des meilleurs rapports qualité/prix.

Les + et les -

J’aime  : Cadre au top, Peinture et déco, Roues, Rendement, Confort, Géométrie, Tige selle télescopique

Je regrette : Gomme des pneumatiques trop dure, Manque de rigidité de la fourche Sektor , Gaines et Durite exposées sous le tube diagonal. Tige de selle télescopique à câble

Conseil

Le pédalier bas a de gros avantage dynamique, attention en franchissement lors des premières sorties car les pédales touchent souvent par les cailloux. Pour conserver la peinture esthétique, appliquer un film adhésif sur les parties exposées aux rayures, frottements et projections. Le mat supporte mal les agressions extérieures. Les passages de câbles au niveau du Path Link sont un peu compliqués ; les entretenir et protéger correctement permet de garantir un fonctionnement correct de la transmission. Les pneus ne sont pas bons pour un montage avant mais reste correct pour l’arrière. Si vous les garder, monter les en Tubeless. Merci à Culture vélo pour m’avoir permis cet essai de très bonne qualité.