Interview de Julien Absalon

J’ai réussi ma carrière !

A peine revenu de Pékin, le double champion Olympique de VTT est sollicité de toutes parts. Celui qui s’impose comme le meilleur pilote de tous les temps en VTT, prend néanmoins le temps de répondre aux questions de culturevelo.com. Le Vosgien semble toujours sur son petit nuage olympique. C’est que du bonheur !

Dans un premier temps, comment ça va ? Comment s’est passé le retour de Pékin ?

Bien... Puis on a reçu un super accueil à l’aéroport, puis nous avons été reçus à l’Elysée par le Président. C’était sympa de voir la ferveur populaire après les Jeux Olympiques et de voir que pas mal de Français ont suivi les exploits des athlètes tricolores. Donc c’est vraiment sympa...

Il y a un an, vous étiez allé à Pékin pour reconnaître le parcours olympique. Vous sentiez déjà que ce parcours était taillé pour vous ?

Il y a un an j’avais été un peu déçu du circuit en fait. Mais dans tous les cas, je m’étais dit qu’il fallait se battre et j’ai fait une préparation spécifique en amont pour ce circuit. Mais ce n’est pas le circuit qui est favorable ou non favorable. C’est au pilote de s’adapter et de travailler en fonction de celui-ci. C’est trop facile de se dire que le circuit ne me plait pas et que cela ne vaut pas la peine. Il plait ou il ne plait pas, mais c’est le même pour tout le monde et c’est à nous de nous adapter...

Durant les derniers kilomètres avant votre sacre, vous pensiez à quoi ?

C’est beaucoup de choses qui passent dans la tête ! Déjà une immense joie, une explosion dans la tête, avec des images qui traversent l’esprit. C’est aussi se dire que c’est la réalisation d’un rêve parce que cette image on en avait rêvé des milliers de fois, et là, le faire en vrai, c’est quelque chose d’énorme ! Et j’ai repensé à tous ceux qui m’avaient aidé, tous ceux qui m’ont accompagné durant ma préparation, en particulier ma femme. J’ai repensé à tout le travail que j’ai fait durant les semaines précédentes, les mois précédents. C’est vraiment intense, ce sont des émotions que l’on ne peut vivre que dans le sport. J’ai vécu ça une première fois à Athènes et c’est tellement fort qu’il n’y a rien d’autre pour égaler ces émotions.

Vous avez gagné à Athènes, vous avez des titres de champion du monde et pourtant on a l’impression que ce titre olympique glané à Pékin vous assoit définitivement sur la discipline. Vous le ressentez aussi ?

C’est vrai que j’avais beaucoup plus de pression qu’avant Athènes puisque j’étais vraiment attendu, j’étais favori. Je m’étais mis comme objectif de gagner et je m’étais dit qu’un deuxième titre olympique ça me permettrait réellement de dire « j’ai réussi ma carrière... ».

Votre travail avec ORBEA porte ses fruits plus que jamais...

On a beaucoup travaillé sur le vélo. On a fait énormément de travail cette année pour adapter le vélo. Les ingénieurs nous ont concocté un cadre hyper léger puisqu’il pesait moins d’un kilo. On a réussi à monter un vélo à 8kg600 ce qui est exceptionnel pour une compétition cross-country, sans jamais porter atteinte à la fiabilité. On n’a mis que des pièces très fiables et arriver à ce point là avec un vélo aussi performant, c’est exceptionnel !

Vous participez à l’élaboration de votre vélo ?

Je travaille de plus en plus en collaboration avec les ingénieurs ORBEA pour donner des retours. C’est quelque chose qui me plait dans mon métier, avec la partie sportive coureur/performance mais aussi la partie de la mise au point qui est très intéressante.

D’un point de vu plus global, vous retenez quoi de cette fin de Jeux Olympiques avec notamment ce doublé en VTT, en BMX ou encore la médaille d’or des handballeurs français...

On a ressenti une ferveur populaire, que réellement les Français avaient vibré sur les deux trois derniers jours de cette olympiade. C’est sûrement ce qui explique qu’il y a eu un tel engouement à notre arrivée en France. C’est la magie du sport, la magie des Jeux. Cela permet de fédérer énormément de monde. Les Français supportent tous les athlètes, quelque soient leurs disciplines et même si ils ne la connaissent pas, ils sont derrière les athlètes parce que c’est la magie de l’olympisme et que nous représentons la France...

Justement, il y a eu beaucoup d’attente vis-à-vis des « favoris » français. Vous aviez cette étiquette là avant les JO, et rares sont ceux qui ont rapporté l’or. Vous ressentiez une pression supplémentaire ?

Je ressentais clairement l’attente des médias et du public. C’est clair que je ressentais cette attente là mais après j’ai essayé de rester concentré au maximum sur ce que je sais faire, sur ma course. Mais dans tous les cas, il faut essayer de relativiser et de se dire que c’est que du sport et ne pas se laisser submerger par la pression et par les enjeux parce que sinon on est totalement déstabilisé. J’ai essayé d’aborder la course olympique comme une course importante mais comme une course normale...

Vous avez quand même pu profiter des Jeux ? Aller voir d’autres disciplines ?

C’était difficile pour nous de pouvoir profiter vraiment des jeux parce que nous courrions en fin d’olympiade. Donc tant que nous n’avions pas couru, on restait dans notre course. Moi je restais concentré alors que c’est vrai que ceux qui ont terminé leurs compétitions avant pouvaient profiter de la fin des jeux pour aller voir d’autres disciplines, faire la fête. Mais ce n’était pas notre cas...

On vous connaît amateur de grand vin. Si votre médaille en était un, quelles en seraient ses saveurs ?

(Il réfléchit puis laisse éclater un rire...). Haaaaa, ça ce serait un grand cru classé... Ce serait un vin très fruité avec une explosion de saveur en bouche !

Et la gastronomie chinoise ?

Les deux jours après la course, oui mais pas avant ! Parce que ce n’était pas le moment de faire des essais avant la course. Mais j’ai pu en profiter un petit peu. Mais on avait bien profité au mois de septembre dernier quand nous étions partis repérer le parcours. Là, nous avions bien pris la mesure de la gastronomie chinoise...

Et l’avenir sportif de Julien Absalon ?

Pour l’instant, je ne fais pas de projet parce que je veux profiter de ma victoire et des tous les moments qui arrivent. J’aurai tout le temps cet hiver de me planifier des objectifs et de réfléchir à la suite mais pour le moment je ne fais aucun projet...

Vacances maintenant ?

Oui et non. Sportivement, c’est vrai que c’est la relâche mais il y a pas mal de sollicitations. Et la saison des salons arrivent. La semaine prochaine je suis en Allemagne pour Eurobike, puis je vais à Madrid, ensuite Las Vegas donc ça s’enchaîne pas mal. C’est aussi très fatiguant. C’est moins sportif mais fatiguant aussi...

Un grand merci à Julien Absalon pour sa disponibilité au milieu des nombreuses sollicitations dont il fait part. Champion à tous les étages, le Vosgien marque ici un pas sur l’Histoire du vélo et du sport français en général. Puis félicitation à Orbea qui signe ici des Jeux Olympiques de toute beauté, tant en VTT que sur la route. Merci aux champions, merci au cyclisme de nous offrir cela. Vivement la suite...

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