170km sur l’Enfer du Nord !

Pour beaucoup de personnes, Paris-Roubaix est une course absurde qu’on regarde confortablement assis dans son canapé le Dimanche après-midi. Une épreuve d’un autre temps, aussi destructrice pour le matériel que pour l’organisme, qu’on observe incrédule sans comprendre ce qui pousse tous ces coureurs à souffrir autant sur ces routes défoncées, le visage et les jambes couverts de poussière – quand ce n’est pas de la boue.

Dans le monde cycliste, Paris-Roubaix est un mythe. Une « Classique » légendaire réservée aux vrais champions, aux rouleurs guerriers. Une course au scénario imprévisible qu’on attend toute l’année, et qui annonce l’arrivée du Printemps et le lancement de la saison vélo !

L’Enfer du Nord magnétise des milliers et des milliers de curieux et de passionnés qui viennent vivre une expérience unique. Et dans le cadre de ce pèlerinage, ASO organise le Paris-Roubaix Challenge ! C’est une randonnée cycliste (sponsorisée par notre partenaire ABUS) de 172kms dont l’objectif est de se rapprocher encore un peu plus du Nirvana cycliste, et qui permet de rouler tous les secteurs pavés comme les pros le temps d’une journée.

Paris-Roubaix est une course de rouleurs qui nécessite un entraînement minimum si l’on ne veut pas (trop) souffrir. « Plus on roule fort et constant sur les pavés, moins on les sent ». Faite des entraînements spécifiques avant de vous lancer dans l’aventure : du pignon fixe pour la force, de l’escalade pour les mains et les avant-bras, et du gainage… beaucoup de pour préparer votre ceinture abdominale à encaisser les chocs et garantir une bonne liaison entre les jambes et le haut du corps.

Au niveau du matériel, préparez votre vélo : double ruban de cintre, pneus de 25mm de section minimum, et sous-gonflés (5.5 bars). Baissez légèrement votre hauteur de selle, et surtout vérifiez bien que toutes les vis sont serrées au couple et vos bidons solidement tenus dans leurs porte-bidons.

Une préparation qui met dans l’ambiance !

L’expérience Paris-Roubaix commence la veille, à l’ouverture des inscriptions. Une queue longue de 200 mètres pour retirer son dossard, presque une heure sous le doux soleil du Nord. Belges, anglais, irlandais, néerlandais, suisses, allemands, Français, italiens, espagnols…

C’est comme si tous les cyclistes d’Europe s’étaient donnés rendez-vous pour un festival de casquettes et de vélos. La boutique des produits merchandising tourne à bloc, le terminal de paiement n’arrive plus à suivre.

L’Enfer commence le Samedi matin. Réveil douloureux à 04h du matin, pour rejoindre à vélo les navettes au vélodrome de Roubaix. Les yeux qui piquent, on croise d’autres groupes de cyclistes en se laissant guider par les Garmin et la lueur des frontales.

Un peloton noctambule qui arrive sur l’immense parking où nous attendent une quarantaine de bus et de camions, et une foule de cyclistes en rang pour embarquer. Un spectacle logistique à la sauce ASO : clair, efficace… et en plus le staff est sympa !

05h15 : Embarquement pour Busigny (59), départ du Paris Roubaix Challenge ! Presque deux heures de route, ça laisse le temps de petit-déjeuner dans l’autobus... et de dormir. La météo promettait un soleil radieux et des températures exceptionnelles pour la saison, que du plaisir…

07h30 : Mais au réveil, surprise ! Les portes de l’autobus se sont ouvertes sur « l’Enfer du Nord » avec un brouillard épais et une température extérieure de 6°C. Encore assoupis, certains cyclistes descendent du bus en cuissard court. Bienheureux ceux qui ont prévu les équipements indispensables de l’intersaison : gilet, jambières et manchettes ! D’expérience, mieux avoir trop chaud sur les deux dernières heures que trop froid sur les deux premières. Gardez vos calories pour le pavé.

C’est parti pour le Paris-Roubaix Challenge !

Fort heureusement, le Paris Roubaix Challenge est une randonnée cycliste. Pas une course : départ et allure libres. Car la deuxième marche vers l’Enfer, c’est l’épreuve des toilettes : les places sont rares, l’attente est longue. Et hors de question de battre le pavé avec le coffre plein. Une heure plus tard, même si le brouillard est toujours là, la température a gagné quelques degrés. Nous voilà partis !

Les dix premiers kilomètres du parcours sont bien revêtus et offrent une mise en jambe idéale. La brume se lève peu à peu, et le soleil nous accueille à l’approche du premier secteur pavé. Une journée printanière comme on en rêve !

Les premiers secteurs pavés sont un vrai spectacle. Un carnaval de bidons, sacoches, lunettes, barres énergétiques et autres multi-tools qui sautent des poches et jonchent la route. Distribution gratuite : mieux que la caravane du Tour de France ! Et les vélos sur-gonflés ou surchargés entament aussitôt le bal des crevaisons qui vous accompagnera tout le long du parcours.

Comme préconisé, on arrive lancé pleine balle sur le premier secteur pavé : les vibrations sont presque agréables. Déjà de nombreux cyclistes sont à la dérive, on déborde sur les bas-côtés poussiéreux, reprend de la vitesse pour resauter sur le haut du pavé. C’est grisant.

Les secteurs sont entrecoupés de quelques kilomètres asphaltés, qui permettent de bonnes relances et offrent des changements de rythme intéressants. 35km/h de moyenne sur les dix premiers secteurs pavés. Et pour l’instant, les sensations sont extraordinairement bonnes.

Puis vient la Trouée d’Aremberg. Faux-plat descendant, puis faux-plat montant. 2.1 Kilomètres chronométrés où le pavé règne en maître. Des grilles tout le long : pas de bas-côtés pour se cacher, reprendre son souffle et laisser reposer l’organisme. Les pavés sont brutaux, les vibrations sont extrêmes : ça tabasse dur, le bruit du carbone est terrifiant.

Les phalanges souffrent terriblement. Alors on cherche toutes les positions possibles sur le cintre pour les soulager, et on lutte pour garder le bon braquet, pour ne pas subir ce fichu pavé. La moyenne horaire en prend un coup, l’organisme aussi. Un passage très dur qui témoigne à lui seul de la difficulté légendaire de Paris-Roubaix. Et il reste encore 100kms…

Heureusement, les ravitos sont généreux, correctement disposés sur la course, et très bien organisés. On ne se marche pas dessus. Le parcours est magnifique. Il respire le printemps et les beaux villages de campagne. On en savourerait chaque kilomètre si les vibrations ne venaient pas réveiller cette atroce douleur articulaire au niveau des mains.

Une fin de parcours épuisante !

Les jambes fatiguent, elles ne peuvent plus tenir le braquet suffisant pour dominer la route cabossée. Les vibrations s’amplifient, et la douleur avec. Alors on alterne haut du pavé et bas-côtés, on serre les dents, on change la position des mains pour répartir les zones de souffrance, histoire que tous les organes en profitent… On se bat tout le temps pour garder la meilleure trajectoire. Ou la moins pire.

Les secteurs pavés offrent quelques moments de répit sur les bas-côtés roulants, mais vous obligent à de nombreux zigzags qui requièrent une concentration extrême. Un moment d’absence et vous vous retrouvez à l’horizontal sur le pavé.

De notre côté, plus de peur que de mal : le vélo s’en est sorti miraculeusement intact… Le bonhomme, lui, est un peu égratigné mais de toute façon le pauvre bougre n’en est plus à une douleur de plus ou de moins. La piqûre d’adrénaline lui offre même un coup de boost bienvenu pour la fin du parcours !

La ligne d’arrivée n’est maintenant plus très loin, alors que nous entamons le fameux secteur (chronométré) du Carrefour de l’arbre. « L’homme qui sort en tête de ce secteur gagne Paris-Roubaix », vous connaissez la légende. On ne réalise pas à quel point les deux derniers secteurs de ce Paris-Roubaix sont terribles !

En fin de parcours, tous les pavés sont dressés contre vous dans le but de vous décourager d’atteindre la ligne d’arrivée, de vous dégoûter du vélo. On sort des deux derniers secteurs pavés à l’arrachée, le couteau entre les dents, les moignons (ce qui reste de vos mains) bien agrippés au cintre.

L’arrivée : la délivrance !

Les derniers kilomètres d’asphalte, très roulants, vous mènent jusqu’au mythique vélodrome de Roubaix. Sur ses flancs cimentés, vous ne sentez plus vos jambes lourdes ni vos mains meurtries, juste une sensation agréable d’avoir roulé sur un monument. Fier d’avoir combattu les mêmes pavés que les pros affronteront le lendemain. Et infiniment soulagé d’avoir roulé par grand beau-temps, sans jamais crever… Mais bon Dieu, sous la pluie, ça doit juste être l’Enfer !!!

Le lendemain devant l’écran TV, on vibre avec les coureurs qui se tordent sur leur vélo, les jambes et les doigts tremblant encore. Respect messieurs.

Décidément, sur Paris-Roubaix, il ne suffit pas d’être fort. Il faut aussi être puissant, téméraire, chanceux, hargneux, habile, bourrin, coriace, tactique, résistant, endurant… Autant de qualités dont seuls les champions connaissent la recette. Comme le résume si bien Tom Boonen, l’homme aux quatre Pavés : « Sometimes you don’t need a plan… You just need big balls. »

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