Le plus grand Tour que l’on puisse gagner à vélo, c’est celui de soi-même.

Rédacteur en chef du magazine Le Cycle, Yves BLANC est un observateur attentif et privilégié de l’évolution du vélo. Après avoir décroché, il y a quelques années, son dernier dossard de coursier, il pratique aujourd’hui une forme d’Ultra Vélo épicurien et sensible qui lui tient à coeur autant que son premier bouquet.

"Partir pour mieux se retrouver est un engagement sportif autant que spirituel. J’en suis de plus en plus convaincu.

La clé du développement de ces nouveaux formats “ Ultra ” qui visent plus un accomplissement personnel qu’une victoire sur l’adversaire, est liée au changement des valeurs référentes de notre époque. Notre société valorise aujourd’hui ce type de performance individuelle.

Au bas d’un CV de jeune diplômé, un trip de plusieurs semaines à travers l’Europe, un Ironman accompli, un raid pluridisciplinaire effectué pendant ses congés d’été sont beaucoup plus convaincants qu’un lapidaire “ pratique le vélo en compétition ”. A l’esprit de combat, on préférera désormais, la capacité d’engagement.

La volonté de s’échapper n’a pas qu’une seule application cycliste restreinte aux épreuves sur route… Le vélo s’est déjà “ échappé ” avec le phénomène VTT entrainant avec lui une génération de pratiquants qui ignorait tout du cyclisme traditionnel. Une déferlante dont notre pratique profite encore aujourd’hui. L’évasion est bel et bien au coeur du concept VTT.

Je me souviens en tant que participant du Paris-Dakar VTT en 89, qui fut une des épreuves précurseur de l’Ultra Vélo, à quel point la soif de nouvelles sensations, de nouveaux horizons, l’enthousiasme et l’esprit novateur du vélo d’aventure étaient palpables. Plus d’enrichissement personnel, plus d’échanges avec les participants et les territoires explorés, moins d’individualisme contrairement à la course traditionnelle qui n’a, le plus souvent, d’esprit équipe qu’à travers la couleur du maillot…

Tout cela a contribué à ouvrir le vélo sur d’autres disciplines et d’autres stades que la route et les circuits. Cette contre-culture au cyclisme traditionnel favorise l’échange dans toute l’acceptation du terme autant que l’exploration de soi-même. Et c’est là que le phénomène est intéressant.

On ne voit jamais sur ce type d’épreuve, les cyclistes ranger leur vélo dans le coffre et partir sans autre forme de salut, dès l’arrivée franchie. On parle, on mange ensemble. Ce moment de partage fait partie de l’aventure, et se vit comme une ultime récompense au point de reléguer parfois le classement au rang d’accessoire. C’est l’étape entière que l’on réexplore ensemble et pas seulement le dernier kilomètre, avant la ligne, une montée impossible avec des braquets peu adaptés, une vue imprenable au sommet d’un col, l’odeur d’une boulangerie dans la traversée d’un village, un fossé accueillant…

Sous cette impulsion Outdoor, la route devient à son tour un terrain d’aventure. C’est une renaissance du cyclisme qui prend aujourd’hui toute son ampleur et que nous encourageons dans le cadre du magazine, en présentant des parcours et périples inédits en France et à l’étranger, tout autant qu’en accompagnant des épreuves comme l’Anjou Vintage pour sa dimension conviviale et affective.

De leur côté, les marques de vélo sentent le phénomène mais, sans doute par conformisme, elles préfèrent encore aujourd’hui majoritairement, le sponsoring d’équipe et la visibilité d’un team Pro. Tout cela va évoluer car les enjeux économiques de ce nouveau vélo “ hors cadre ” sont porteurs. Il est clair que ces pratiquants “ Ultra exigeants ” pour la plupart, font la part belle à la technologie et au matériel.

Pour ma part, je suis certain que ce type d’épreuve, qui engage le participant autant avec soi-même qu’avec le parcours et la difficulté du périple, va se développer et nous permettre de présenter aux yeux des sportifs de tous horizons, un nouveau visage du vélo sportif particulièrement convaincant.

Enfin, en tant qu’ancien “ première caté ”, je vous confesse que j’ai éprouvé un immense plaisir à rallier dernièrement, avec un groupe d’amis dont un ancien équipier, Paris à l’arrière pays Montpelliérain.

Une épopée physique, bucolique et épicurienne avec une arrivée toute en nostalgie à Saint Guilhem le Désert, où je conquis il ya 30 ans… mon premier bouquet de jeune compétiteur. Un très beau final, Ultra sentimental.”

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