Le test du Trek Emonda SLR

C’était la promesse de l’année chez Trek : faire évoluer son best-seller sur route le Trek Emonda. C’est le vélo route typé course-compétition de la marque américaine.

Dans sa 3ème génération, l’Emonda se réinvente pour devenir, tout du moins sur le papier, un vélo aéro compatible en montagne. Tout un programme. Alors pour en avoir le cœur net, nous avons pu le tester sur différents terrains (cols en haute montagne, en moyenne montagne, plat, vallons). Un test longue durée, grandeur nature, de ce nouveau vélo tant attendu.

La gamme route

Avec ce tout nouvel Emonda, Trek a eu une seule ambition : faire de ce vélo la quintessence du vélo de route de compétition.

Vous allez nous dire que c’est souvent le même discours chez les marques : plus léger, plus rigide, plus confortable… un discours presque lassant. D’ailleurs nous nous posons une question : ok, il est nouveau ce Trek Emonda, mais au fond il apporte quoi par rapport à l’ancienne génération ?

Pour répondre à cette question, il faut déjà bien comprendre la segmentation de la gamme route chez Trek. Auparavant voici comment nous pouvions l’identifier avec 3 vélos à distinction forte.

1 : vous vouliez avoir du confort et une position relevée. Il vous fallait un Trek Domane. 2 : vous vouliez le top de la rigidité et l’aéro. Il vous fallait le Trek Madone. 3 : vous vouliez de la polyvalence, léger et à géométrie intermédiaire. Un Trek Emonda allait faire l’affaire.

Là, l’idée est un peu différente dans la gamme 2021…et d’ailleurs on se demande si Trek ne se cannibalise pas un peu. En effet, les ingénieurs, sous la demande des coureurs de l’équipe Trek Segafredo, ont conçu un Emonda plus rigide, et plus aéro. Si bien qu’à ce jour, l’Emonda vient vraiment empiéter sur les plates-bandes d’un Madone. Le Madone reste l’arme aéro de la marque mais l’écart se réduit considérablement sur cet aspect. D’autant que sur les courses vallonnées où un Madone était utilisé auparavant, les pros choisissent plutôt une configuration avec le nouvel Emonda et des jantes plus hautes.

Nos tests des précédentes générations

Alors la question se pose, le Trek Madone est-il mort avec ce nouvel Emonda ? C’est un vrai débat et on aurait tendance à dire oui.

Donc en 2021, on retrouve un Domane qui se radicalise dans le segment confort que l’on a eu entre nos mains l’année dernière, un Emonda qui va vers de l’aéro, et un Madone qui s’affine un peu (-400gr sur le haut de gamme) mais qui reste clairement dans le segment aéro.

Trek Emonda SLR 2021 : les nouveautés

On le voit clairement sur l’illustration, le vélo devient plus racé, plus agressif, notamment sur le tube diagonal et la douille de direction. On sent que ce Trek Emonda 2021 transpire la course et la vivacité.

Pour arriver à concilier formes aéro et maintien de la rigidité, Trek a développé une nouvelle fibre de carbone : l’OCLV 800. Grâce à cette fibre, le cadre seul est annoncé à moins de 700g et la fourche à 365g.

La géométrie est de type H1.5, ce qui est un bon équilibre entre la très sportive H1 et la plus relevée H2 de la précédente génération. L’Emonda est disponible en 7 tailles : 47, 50, 52, 54, 56, 58 et 60 cm. Côté tige de selle, Trek reste fidèle à son système de mât Ride Tuned, et c’est un élément presque choquant vis-à-vis de la concurrence. L’intégration dans l’ensemble est parfaite mais sur le serrage de la tige de selle on trouve que ce système - qui date de 2014 - aurait pu, cette année, évoluer un peu.

Trek Emonda SLR 2021 : l’intégration

Oui, c’est beau c’est propre. L’intégration est presque parfaite. On remarquera cependant plusieurs points qui auraient pu être optimisés : • L’intégration du système du serrage de selle • Le passage des câbles en dessous du cintre (pour l’entretien c’est évident que c’est plus simple de les voir, mais esthétiquement ce n’est pas beau, sans oublier qu’en ayant les mains sur le haut du cintre, le câble se fait sentir sur le bout des doigts, la sensation n’est vraiment pas agréable…) • L’intégration des portes-bidons. C’est un constat sur beaucoup de marques, on aimerait voir un porte-bidon mieux intégré (comme par exemple le tout nouveau BMC Teammachine). C’est un détail, mais on trouve que c’est un élément qui est simplement posé comme ça sans recherche spécifique, c’est dommage.

Au niveau du cintre, on retrouve le nouveau combo cintre/potence Aeolus RSL la marque nous signale un gain de 7 Watts. De notre côté, nous aimons son design par contre à l’usage nous n’avons pas aimé. On a trouvé le cintre beaucoup trop rigide, les câbles en dessous. A notre avis, c’est beau mais si nous avions à choisir, nous aurions pris un autre cintre moins rigide.

Trek Emonda SLR 2021 : notre montage

Sur notre montage, il y a tout ce qu’il se fait de mieux en ce moment sur le marché : transmission électronique Sram Red eTap AXS, avec un 48x35 devant et 10x33 au niveau de la cassette de 12 pignons. Un capteur de puissance venant compléter le tout.

Pour les roues, nous retrouvons les Bontrager Aeolus RLS 37. Le nouveau modèle light de la gamme, 1325g la paire, avec moyeux DT Swiss 240s et Ratchet EXP à 36 cliquets permettent une excellente fluidité de roulement…. La jante est compatible Tubeless Ready. Ici, elles sont montées avec des pneus Bontrager R4 320TPI.

Au niveau des roues, en mot : un bonheur. Si ce n’est ce bruit de la roue libre. C’est clairement, et à notre goût, une nuisance sonore. Vous arrêtez de pédaler et vous avez l’impression d’avoir une alarme autour de vous. On aurait aimé une roue libre plus discrète car quel plaisir de se laisser porter dans le plus grand silence et de profiter du paysage. Pour les pneumatiques, là encore c’est le top : un grip exceptionnel, un rendement au top. Par contre attention, c’est une gomme tendre donc fragile (une seule crevaison sur 1000km).

Petit bémol au niveau de la transmission : la finition. Notamment au niveau des manettes. Sur ce niveau de prix ce n’est pas normal. Alors est-ce un défaut sur ces manettes ou pas ? Le caoutchouc de la manette ne se fixait pas, il y avait du jeu.

Autre point, c’est au sujet de la plage de vitesses. Le problème c’est que le vélo est monté en 48x35 et 10x33. Alors si vous êtes un cyclo et que vous voulez faire du dénivelé, c’est parfait ça passera partout. Par contre un compétiteur, n’y retrouvera pas son compte. On retrouve notamment un différentiel trop important entre le 10 et le 11. Sur un sprint ce n’est pas du tout pratique. Autre point à mi cassette : il y a trop d’écart. Donc soit vous êtes trop en force ou trop en vélocité. Nous aurions aimé le tester dans une autre configuration de développement car là on trouve qu’il y a trop « d’entre deux ». C’est un fait. Sram a voulu se différencier sur sa gamme avec 12 vitesses, et un départ en 10. Mais si pour un cyclo il n’y aura pas de différence, un coureur lui devra passer sur un plateau plus grand et choisir une autre cassette car il y a des trous dans les rapports. Le problème c’est que Sram n’a pas beaucoup de possibilités de montage. Peut être est-ce dans les cartons ?

Trek Emonda SLR 2021 : premiers tours de roue

Le pari de produire le vélo parfait pour les coursiers est-il réussi ? C’est vraiment la question que nous nous posons. Sur le papier on nous a fait rêver. Voyons le verdict du terrain.

C’est parti. Le vélo est en place et les premiers tours de roues montrent d’emblée que ce vélo est diaboliquement réactif. Une relance et on a immédiatement ce ressenti de vélo nerveux et vif, c’est une flèche. Ce qui est marquant, par ailleurs, c’est sa rigidité sur l’avant. C’est la grosse évolution par rapport à l’ancien Emonda. Mais cette réactivité a un prix : sur l’avant ça filtre moins et c’est plus raide.

Pour le reste, ce que le vélo aime c’est quand ça grimpe et là on a envie de tout monter les mains en bas. Mais les watts que nous avons nous ramènent souvent à la raison. On apprécie malgré tout son rendement, et ce qui était une force dans l’ancien Emonda à savoir son flex, ne l’est plus ici.

Son autre atout c’est sa réactivité exceptionnelle. Le nouveau Emonda a une partie avant très vive. La stabilité du vélo ne fait jamais défaut. Dans les descentes et les virages, cette vivacité de la direction rend le vélo hyper maniable même si nous aurions aimé un cintre différent pour compenser un peu cet avant un peu raide.

Sur les mauvaises routes, la vibration est palpable et on a souvent tendance à trouver refuge en bas du cintre.

Au niveau des descentes, l’Emonda met en confiance dans le rapide et sinueux et incite à attaquer le sprint sèchement. Un régal pour ceux qui recherchent la performance ! On appréciera aussi le freinage Sram, un poil plus progressif sur cette version (disques avant et arrière en 160) que son concurrent Shimano qui lui est plus puissant. Du 160mm-160mm, chez Shimano ça freine fort immédiatement. Nous préférons mixer avec un disque de 160 et à l’arrière 140, pour retrouver plus de progressivité dans le freinage. Ici, chez Sram, le 160-160 fonctionne bien mais est à notre goût moins puissant dans les freinages d’urgence que son homologue.

Trek Emonda SLR 2021 : son terrain de jeu

Un vélo de ce niveau doit se tester sur différentes configurations et pas seulement en montant 1 ou 2 cols . C’est pourquoi nous avons pu parcourir plus de 1000km, sur une période courte, et en mixant les parcours : Pays Basque, Hautes-Pyrénées, Gers, pays toulousain.

Et voilà ce qu’il en ressort : que ce soit les 3500m de dénivelé sur 150km, les 2200 de dénivelé sur 160km du côté de San Sebastian et du Jaizkibel, les 1900 sur 80km, ou tout simplement le plat, ce vélo est une merveille. Il a ce côté aero qui le rend parfait sur le plat, mais aussi light et tolérant en montagne ou dans les difficultés. Vous avez de la force, il vous propulse, vous n’en avez plus, il vous accompagne. On se rappelle encore du col du Marie Blanque avec les 4 derniers kilomètres à plus de 10% de moyenne, et là à peine à 10 km/h, le vélo vous accompagne parfaitement. C’est sa force. Cette dualité accompagnera le plus grand nombre de personnes. C’est une Formule 1 qui peut parfaitement rouler longtemps en 1ère. C’est bluffant. C’est d’ailleurs, à notre avis et dans les vélos de pros que nous avons pu tester, le vélo le plus polyvalent.

Trek Emonda SLR 2021 : les autres profils de testeurs

Olivier : possesseur d’un Trek Emonda ancienne génération à patins.

"C’est incroyable, on a presque l’impression qu’il roule tout seul. Sur le plat j’ai vraiment aimé, bon les bosses d’habitude je ne les aime pas trop, mais là j’ai vraiment senti le côté facile, léger du vélo et alors au niveau du freinage c’est le grand pas en avant, c’est hyper rassurant. J’ai le droit de la garder ?"

Denis : possesseur d’un Trek Emonda ancienne génération à disque

J’aime vraiment mon vélo actuel, je n’ai pas besoin d’un monstre de rigidité, je veux de la polyvalence. Là c’est vrai, on retrouve un vrai vélo de compétition, c’est hyper nerveux et pour le sprint de la pancarte, il n’y a pas photo c’est mieux. Après, j’ai trouvé que devant ça vibrait plus que l’ancien et je pense que le cintre n’aide pas du tout à ce niveau. Et puis pour finir, je ne suis pas fan mais alors du tout du logo aussi gros. Si on regarde la marque, elle est présente sur 90% de la surface du tube. C’est trop à mon goût.

Aubin : possesseur d’un Trek Domane et testeur de VAE route

Moi j’ai l’habitude de mon petit chopper qui passe partout, là c’est clair on change de monde. C’est un vélo de compétition mais moi qui ne fait pas de compétition, je l’ai trouvé vraiment facile pas trop rigide. Après, ce qui est marquant, c’est que dans les bosses courtes et raides, j’ai battu mes performances que j’avais faites avec un vélo électrique. C’est vraiment bluffant, il est tellement facile et réactif, c’est un énorme plaisir. Même si il est vrai, qu’il faut s’habituer à cette nervosité car on a tendance un peu à s’emporter.

Trek Emonda SLR 2021 : le verdict

Avec ce nouvel Emonda, il ne faut pas se le cacher Trek a frappé très fort en proposant une Formule 1 que tout le monde peut utiliser. C’est un monstre de réactivité, de notre côté nous avons tant aimé ce comportement à la fois nerveux et tolérant. Pour ce qui est des petits détails qui fâchent, on notera :

  • Le serrage de la tige de selle obsolète
  • Le cintre
  • Le logo trop gros
  • Les trous dans le développement du groupe SRAM
  • Le bruit de la roue libre

    Alors, si vous hésitez et vous vous demandez ce qu’il a de plus par rapport à la dernière génération ? Sans hésiter deux choses : sa nervosité et son rendement. C’est clairement un bond en avant. Au niveau du poids par contre n’attendez pas un vélo plus léger. On voit clairement que ça n’a pas été un axe de travail chez Trek. Ils ont voulu simplement concevoir un vélo de compétition absolu qui reste accessible à toutes et à tous. Une promesse et une volonté qui se traduisent sur le terrain. Alors en un mot bravo aux ingénieurs Trek car ce Trek Emonda 2021 est bien né et s’impose indéniablement comme l’un des must-have dans le peloton.

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